Du sirop d’érable pour améliorer la santé animale

Par Jean Hamann, Université Laval
7 juin 2024 à 09h14





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Ce contenu est produit par l’Université Laval.

Environ 2% des quelque 200 millions de livres de sirop d’érable produits chaque année au Québec souffrent d’un défaut de saveur qui le destine à servir d’ingrédient dans des produits transformés plutôt qu’à être consommé nature. Une équipe de l’Université Laval et de l’Université de Sherbrooke propose d’utiliser une partie de ce sirop pour produire un probiotique qui pourrait remplacer les antibiotiques dans les élevages d’animaux. Ils viennent d’ailleurs de présenter, dans la revue scientifique Fermentation, des preuves qui démontrent que leur idée tient la route.

«Le sirop d’érable produit en fin de saison est celui qui a le plus de défauts de saveur, notamment la saveur de type bourgeon et le sirop filamenteux. Par contre, c’est aussi celui qui est le plus riche en nutriments et en molécules antioxydantes», souligne l’une des signataires de l’étude, Marie Filteau, professeure au Département des sciences des aliments et chercheuse à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’Université Laval.

Afin de déterminer le potentiel du sirop d’érable de transformation dans la production de probiotiques, les chercheurs l’ont utilisé comme ingrédient dans un milieu de culture dans lequel ils ont inoculé Bacillus velezensis, une bactérie reconnue pour sa production de molécules antimicrobiennes contre les pathogènes des plantes. «L’idée était de créer un supplément alimentaire contenant cette bactérie afin d’enrichir le microbiote intestinal des animaux d’élevage, d’améliorer leur résistance aux maladies et de réduire ainsi le recours aux antibiotiques», précise la professeure Filteau.

Les tests de culture ont été concluants puisque les chercheurs sont parvenus à atteindre des concentrations de 6 milliards de bactéries par millilitre. Le liquide obtenu a été mélangé à du perméat de lactosérum et transformé en poudre par atomisation. «C’est ce supplément qui pourrait être ajouté à la moulée des animaux», précise la professeure Filteau.

Afin de déterminer si ces bactéries peuvent se rendre saines et sauves jusqu’à l’intestin des animaux, les chercheurs ont soumis ce probiotique à un transit dans un système digestif in vitro. Résultat? Environ 16% des bactéries survivent au processus de digestion. «Considérant l’abondance de départ, on arrive à des concentrations d’un milliard de bactéries par gramme. C’est plus que ce qui est recommandé pour produire des effets probiotiques chez les animaux», souligne la chercheuse.

À la lumière de ces résultats, les chercheurs ont procédé à des tests sur des porcelets. «Les résultats ne sont pas encore publiés, mais on peut dire qu’ils sont très encourageants. De plus, une étude technico-économique devrait nous éclairer sur la faisabilité économique du recours au sirop d’érable de transformation pour la production d’un supplément probiotique destiné à l’alimentation animale», conclut la professeure Filteau.

Cette recherche est issue des travaux de doctorat de Gautier Decabooter. Les signataires de l’étude parue dans la revue Fermentation sont Gautier Decabooter, Marie Filteau et Ismail Fliss, de l’Université Laval, et Mariem Theiri et Denis Groleau, de l’Université de Sherbrooke.