Une Québécoise est couronnée meilleure bûcheronne au monde

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Stéphanie Naud a récemment remporté la compétition féminine de bûcheron Hayward Lumberjack World Championships, au Wisconsin. Elle a ainsi mérité le titre de meilleure bûcheronne au monde, et d’un même élan, a battu le record mondial féminin dans la discipline de la hache horizontale.
Là où s’entraîne Stéphanie Naud, à Brigham, seuls sa hache et l’écho des coups sur le billot qu’elle « choppe » fendent le chant des cigales et la tranquillité des lieux. Même après avoir gagné son tout premier titre de meilleure bûcheronne au monde, avec efforts et sueurs, elle se prépare pour les prochaines compétitions qui l’attendent.

Lors du tournoi au Wisconsin, Stéphanie Naud, 27 ans, a donné du fil à retordre à ses adversaires dans les cinq disciplines au programme. Que ce soit lors de l’épreuve de la hache verticale, du godendard à une personne et du godendard en équipe avec un homme ou du godendard en équipe avec une femme, les résultats de la jeune conseillère en gestion agricole ont été excellents. Quant à ceux qu’elle a obtenus lors de l’épreuve de hache horizontale, ils ont fracassé un record mondial.

« Je vais en compétition faire du mieux que je peux, je fais ça pour avoir du fun. Je ne fais pas ça pour gagner. En fin de semaine passée, j’ai battu un record du monde de coupe à la hache, alors même si je n’avais pas gagné la compétition, c’est un bel accomplissement. Ça me pousse à m’entraîner encore plus, à vouloir m’améliorer, et à continuer de faire des compétitions », confie-t-elle avec humilité.

Durant l’épreuve de la hache horizontale, les participants se tiennent debout sur un billot de 11 pouces de diamètre, déposé à l’horizontale, et doivent le scinder le plus rapidement possible, avec une approche où ils coupent en « V ». Stéphanie est ainsi la nouvelle détentrice du record du monde dans cette épreuve avec 24,25 secondes ; l’ancien record était de 25,5 secondes.

Loin de vouloir s’asseoir sur ses lauriers, elle se prépare pour faire d’éventuels tournois aux États-Unis.

Combattre le manque de visibilité
Même si la bûcheronne est dans le parcours professionnel depuis 2016 et qu’elle obtient des résultats plus que prometteurs, elle déplore être la seule Québécoise à participer dans les compétitions d’envergure.

« C’est tellement peu connu au Québec. J’aimerais ça que le sport se développe un peu, qu’il y ait plus de compétitions. Dans le temps, il y en avait beaucoup plus, mais il y en a plusieurs qui sont tombées dernièrement. D'autres ont été remplacées par des compétitions de chainsaw », se désole-t-elle tout en précisant qu’elle préfère beaucoup plus « chopper » avec une hache que d’utiliser un moteur.

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Durant le tournoi Hayward, Stéphanie Naud a battu le record mondial féminin dans la discipline de la hache horizontale. Se tenant debout sur un billot de 11 pouces de diamètre, elle s’est attaquée à ce dernier avec une coupe en « V », et a réussit à le fendre en 24.25 secondes.
Durant le tournoi Hayward, Stéphanie Naud a battu le record mondial féminin dans la discipline de la hache horizontale. Se tenant debout sur un billot de 11 pouces de diamètre, elle s’est attaquée à ce dernier avec une coupe en « V », et a réussit à le fendre en 24.25 secondes.
LA VOIX DE L’EST, JESSY BROWN
Malgré une faible présence dans le décor sportif québécois, les personnes qui participent aux compétitions de « bûcherons» ont attiré l’attention de certains créateurs, et une série télévisée sur leur univers devrait être diffusée à l’hiver 2023.

« La série s’appelle La scie entre les dents. C’est Urbania qui produit le projet, mais ça va être diffusé sur Historia. Ils vont suivre quatre bûcherons dans leur quotidien, sur la route, et dans les compétitions. Ça va aider à faire connaître le sport », explique Stéphanie, qui sera d’ailleurs l’une des vedettes de l’émission.

Toutefois, elle précise rapidement qu’elle n’envisage pas de faire carrière dans l’univers télévisuel, préférant s’occuper de ses terres et couper du bois avec passion.

Réussir sans financement
Lorsque Stéphanie remporte une compétition, ou termine sur le podium, elle obtient une bourse en argent. Par contre, lorsque questionnée à savoir si elle peut vivre de son sport, elle admet que dans son cas, c’est chose impossible.

« En ce moment, je n’ai pas de commanditaires. Il y en a qui peuvent vivre de ça, mais ils sont commandités et ils ont un support financier. Pour toutes les compétitions, je paye pour les déplacements, les repas, l’hôtel et tout le reste. C’est quand même beaucoup de frais pour faire de la compétition », admet-elle.

Stéphanie Naud ne manque pas de bois pour s’entraîner, mais elle déplore qu’il est difficile de faire des compétitions professionnelles sans commanditaire ou soutien financier.
Stéphanie Naud ne manque pas de bois pour s’entraîner, mais elle déplore qu’il est difficile de faire des compétitions professionnelles sans commanditaire ou soutien financier.
LA VOIX DE L’EST, JESSY BROWN
Pour cette raison, la meilleure bûcheronne au monde n’a jamais cessé de travailler comme conseillère en gestion agricole, et ce, en plus d’exploiter ses terres pour pouvoir vendre foin et soya. Elle bénéficie toutefois du soutien de ses proches et de son entraîneur, car cela lui permet de ne pas manquer de bois, et d’avoir les haches les « mieux affilées » en ville.

« Quand on s’entraîne, on n’utilise pas notre équipement de compétition. Celui qu’on prend pendant les tournois est au minimum cinq fois mieux », explique celle qui a pour entraîneur Jean-Pierre Mercier, de Saint-Étienne-de-Lauzon, qu’elle décrit comme le « meilleur affileur au monde ».

Stéphanie est tombée sous le charme du bûcheronnage sportif en 2011, et malgré ses tout récents honneurs, elle n’entend pas quitter cet univers de si tôt.

« On peut participer à des tournois facilement jusqu’à 40-45 ans. C’est un sport qui est super technique. Je peux encore en faire longtemps ! »